Elle est fille de ministre. Elle n’a pas usé ses jupes sur les bancs des amphithéâtres pour obtenir son diplôme.
La fonction de « papa » vaut, pour elle, modules et bulletins de notes et, au final, un diplôme de docteur vétérinaire délivré par l’école nationale vétérinaire d’El Harrach et un poste de directrice à la caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA).
Avec 17 modules en dette, elle se voit délivrer son diplôme. Retour sur le cursus universitaire de la fille à papa. La demoiselle Benaissa Amel Hanna est inscrite en première année à l’ENV d’El Harrach en 1993. A l’époque, le papa, actuel ministre de l’agriculture et du développement rural, Rachid Benaissa, était chef de cabinet au ministère de l’agriculture et de la pêche. Un poste qui profitera à sa fille fraîchement inscrite à l’université. Elle bénéficia d’une bourse d’études, dans le cadre d’une convention qui venait juste d’être signée entre l’ENV d’ El Harrach et l’ENV de Toulouse. La fille du chef de cabinet du ministère de l’agriculture et de la pêche partit
alors faire ses modules dans cette école de l’hexagone.
La Convention, signée, coté ENV El Harrach, par l’ancien directeur Othmani Marabout Abdelmalek et coté ENV Toulouse par le Pr G. Vanverbeke, stipule que l’étudiante devait se réinscrire à chaque rentrée universitaire et que l’ENV de Toulouse envoie à l’ENV d’El Harrach les évaluations pédagogiques périodiques et annuelles de Melle Benaissa. En date du 2 novembre 1998, Othmani Marabout Abdelmalek, ancien directeur de l’ENV, s’inquiète de la situation pédagogique de l’étudiante. Dans un courrier envoyé au directeur général de l’ENV El Harrach, il note que Benaissa Amel Hanna était inscrite régulièrement en 2ème année pour l’année 1994/1995 et que sa situation est irrégulière pour les années 95/96, 96/97 et 97/98. Il ajoute que l’ENV n’a été destinataire que de deux bulletins de notes de l’étudiante, l’un en date du 12 juillet 95 et l’autre en date du 23 octobre de la même année.
Othmani relève surtout que Benaissa Amel Hanna n’a pas renouvelé ses inscriptions, comme le stipule la convention citée plus haut. L’écrit reste lettre morte. Quatre années plus tard, soit le 14 août 2002, la directrice par intérim de l’ENV El Harrach, Mme Ababou Assia saisit le secrétariat général du MESR au sujet du cas Benaissa Amel Hanna. Elle note que « l’ENV d’Alger ne peut garantir à 100% que les résultats obtenus à l’ENV de Toulouse par Melle Benaissa Amel Hanna, c’est-à-dire la validation de la 1ère et 5éme année du cursus universitaire ».
« Aucun document (attestation d’inscription, relevé de notes, PV de délibération du jury des différentes années passées à l’ENV de Toulouse) n’a été fourni ni annuellement ni à son retour et même jusqu’à présent à l’ENV d’Alger, conformément à la convention signée en 1994 » et enfin que « les documents en ma possession sont des fax ou des copies de fax dont certains ont transité par la direction des services vétérinaires du ministère de l’agriculture. Certains fax présentent des anomalies, comme le relevé récapitulatif de la situation de Mlle Beniassa, rédigés par M ; Nedjari. » Rien n’y fait.
Melle Benaissa obtient tout de même son diplôme, signé par le directeur de l’ENV, Ghozlane El Ouardi. Le ministère de l’agriculture, à travers la chambre nationale d’agriculture, a su être reconnaissant envers ce dernier. En 2006, il est intégré dans une délégation se rendant en Sardaigne dans le cadre d’un projet de coopération de la filière lait avec le gouvernement régional de Sardaigne. C’était du 23 au 28 janvier 2006.
Hamid Guerni Juillet 2013