Comme en chaque fin d’année, et au seuil de celle qui s’annonce, les Algériens se demandent si leur quotidien s’améliorera ou, au contraire, se dégradera…
En termes de taxes, théoriquement, et si l’on doit se référer à la loi de finances 2013, il n’y aura pas de changements majeurs. Cela signifie, toujours théoriquement, que le pouvoir d’achat des Algériens ne sera pas fondamentalement impacté. Cet “espoir” semble conforté par un rapport du cabinet d’évaluation des risques d’investissement, IHS, qui estime que l’inflation en Algérie devrait passer de 9% en 2012 à 6,1% an 2013. “Les risques inflationnistes seront à la baisse à moyen terme grâce à la politique prudentielle mise en œuvre par la Banque centrale et aux subventions du gouvernement.” Le dinar continuera cependant à s’apprécier timidement face au dollar à court et moyen termes. Le taux de change passera de 79,73 DA/dollar à la fin de l’année en cours à 82,43 DA en 2013. Une dépréciation que l’institut imputera à “la baisse attendue des flux d’investissements étrangers, à la baisse des exportations et à la faiblesse continue de l’euro”. Par ailleurs le taux de croissance devrait parallèlement enregistrer un léger recul en 2013, passant de 2,4% en 2012, soit le même taux annoncé par la Banque d’Algérie pour le semestre écoulé, à 2,2% pour 2013. Selon cet institut, la baisse de la croissance du PIB réel prévue pour 2013 serait le résultat de la chute du prix du pétrole, attendue dès l’année prochaine. Après une moyenne de 109 USD en 2012, les prévisions de l’IHS pour l’évolution des prix du Brent ont été revues à la baisse : le baril devrait glisser à 93 USD en 2013 et atteindre un plus bas niveau à 85 dollars en 2015 avant de remonter légèrement pour frôler les 90 dollars à l’horizon 2020. La valeur nominale du PIB global qui sera de 193,9 MDS USD en 2012, passera durant les quatre prochaines années à 183,9 Mds USD, en 2013 notamment.
Quant au PIB annuel par habitant, il se situerait à 5.315 dollars durant l’année en cours avant de fléchir à 4,971 dollars en 2013. En vérité et quels que soient les chiffres avancés, et livrés à l’agence de presse algérienne, l’année 2013 sera certainement et immanquablement marquée par une dégradation du pouvoir d’achat des catégories sociales les plus fragiles et les plus précarisées. Alors, pourquoi nombre d’Algériens s’interrogent sur leur situation dans leur pays réputé riche de ses ressources. La réponse se trouve dans la dégradation constante de leur pouvoir d’achat ces dernières années. Les prix des biens de larges consommation ne cessent d’augmenter biens que certains produits (lait, semoule…) soient subventionnés par l’Etat.
Par ailleurs les mesures prises pour lutter contre l’informel et les pratiques spéculatives n’ont jusqu’à présent du moins donné aucun résultat palpable. Si on ajoute à ce tableau les dysfonctionnements du marché du fait de l’incapacité des pouvoirs publics à jouer pleinement leur rôle de régulateur et les difficultés de relance de la croissance hors hydrocarbures ; l’on ne voit pas comment et par quel miracle le quotidien des Algériens connaîtra une amélioration en 2013. Il faut cependant nuancer les choses. De gigantesques efforts sont déployés par les pouvoirs publics dans de nombreux domaines telles les infrastructures de base, l’amélioration du transport, notamment urbain, la santé, l’éducation, le logement — en dépit de l’injustice qui caractérise les critères de répartition. Ces actions finiront par se traduire par une amélioration des conditions de vie de la majorité de la population algérienne. D’autres défis restent évidemment à relever. Il s’agit en premier lieu de réunir les conditions de relance de la croissance et de la production hors hydrocarbures, de l’amélioration du climat des affaires, de la lutte contre la spéculation et le phénomène de la corruption, de l’amélioration du fonctionnement des grands services publics…
Liberté : Le 2 Janvier 2013