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La justice entre Milan, Montpellier et Alger

A quelques semaines d’intervalle, les juges italiens par la voix du Tribunal de Milan, puis les juges français, par celle du Tribunal de Montpellier sont venus rappeler aux autorités algériennes l’urgence absolue de libérer l’espace judiciaire , préalable incontournable vers une gouvernance moderne et consensuelle.

Les juges italiens qui enquêtaient sur un vaste réseau de corruption et de détournement de fonds dans les sociétés pétrolières ont révélé les noms de plusieurs hauts responsables algériens qui, jusque là, vaquaient tranquillement à leurs affaires, malgré les accusations précises portées par les investigations de la presse privée algérienne.

Mr Tulio ORSI ex-PDG de la SAIPEM (société pétrolière italienne) a déclaré aux juges avoir remis en « mains propres » 197,9 millions d’euros pour accéder aux marchés algériens !

Qu’y a-t-il de plus monstrueux qu’une telle accusation ?

Au moment où il aurait fallu ouvrir des informations judiciaires sur ces personnages sulfureux dont les noms étaient connus de la vox populi, le gouvernement algérien avait choisi d’emprisonner pendant deux longues années Mr Mohamed Benchicou, alors patron du journal « Le Matin d’Algérie », qui avait multiplié les révélations sur l’ampleur de la corruption et les protections politiques dont bénéficiaient ces délinquants du pipe-line au plus haut sommet de la pyramide.

Grâce à l’heureuse intrusion de la justice italienne, la justice algérienne a ouvert bien timidement le dossier brûlant de la corruption pétrolière qui risque de rebondir bientôt devant la justice de Montréal.

Les juges algériens, s’ils étaient réellement saisis, pourront à loisir lire et relire les pièces déjà versées aux débats, parmi lesquelles la lettre ouverte de Hocine Malti, l’interview de Sid Ahmed Ghozali et enfin les explications du Pr Aktouf.

Quant à l’affaire de Montpellier, il est évident que la saisine de la justice algérienne par des employés d’un Consulat d’Algérie les aurait placés ipso facto dans une situation périlleuse.

D’abord parce que la justice administrative est encore plus bridée que la justice civile.

Ensuite parce que depuis plusieurs semaines, tout le Ministère des Affaires Etrangères est perturbé par une grève menée par des syndicats autonomes qui dénoncent, eux aussi, une gestion catastrophique de leur carrière, le favoritisme, le népotisme et la promotion de l’incompétence.

Pour information, il faut savoir que le Juge des référés du Tribunal Administratif d’Alger a rendu le 14 Février 2013 deux ordonnances ; l’une invalidant le préavis de grève des fonctionnaires du Ministère et l’autre ordonnant l’évacuation des locaux professionnels par les grévistes.

Or il se trouve que ces deux ordonnances sont une violation flagrante des règles de procédure très clairement posées par les articles 917 et 918 du Code de Procédure Civile et Administrative.

Comment deux employés algériens auraient pu avoir gain de cause devant le juge administratif algérien alors qu’un syndicat a été honteusement éconduit par une justice aux ordres malgré le soutien de l’opinion publique qui constate que les consulats et les ambassades algériennes fonctionnent depuis longtemps comme une sorte de Pôle Emploi délocalisé pour la progéniture des familles régnantes ?

C’est pour cela que le cri d’alarme des personnels du Ministère algérien des Affaires Etrangères renvoie à la triste réalité d’une diplomatie de traders et d’apparatchiks incapables de redonner au pays la visibilité et la posture qu’il mérite.

Bachir DAHAK

Militant associatif

Le 13 Mars 2013

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