Un recours collectif a été lancé par un passager du vol Alger-Montréal du 13 octobre 2009. Le retard et l’humiliation subis par 160 passagers pourraient coûter un demi-million de dollars à la compagnie.
Près de 6 ans après l’humiliante mésaventure subie par des passagers du vol AH 2700 Alger-Montréal du 13 octobre 2009, la justice canadienne a commencé ce mardi à entendre les experts dans le cadre d’un recours collectif lancé grâce à la solide détermination d’un passager.
Le procès qui devait commencer lundi n’a été entamé que mardi car la délégation d’Air Algérie est arrivée en retard au Palais de justice de Montréal.
L’affaire devrait se tenir en deux phases. La cour supérieure du Québec déterminera ce jeudi la validité de l’accusation, après témoignages des experts de l’accusation et de la défense, dont le pilote du vol venu d’Alger. La deuxième phase aura lieu plus tard en 2016.
Les voyageurs concernés par le recours collectif sont « tous les passagers du vol AH 2700 d’Air Algérie qui devait effectuer la liaison entre Alger et Montréal le 13 octobre 2009 à 14h45 et qui détenaient un titre de transport aérien aller-retour Montréal-Alger-Montréal y compris ceux qui ont fait d’autres escales une fois rendus à Alger et avant leur retour à Montréal », selon les documents de la cour supérieure du Québec.
Le groupe soutenu par le Fonds d’aide aux recours collectifs réclame un minimum de 2 000 dollars canadiens de dommages plus les intérêts courus depuis la date du dépôt du recours.
Cette somme est demandée pour compenser « les troubles, inconvénients, fatigue et stress durant l’attente du départ et au retour » et plus important « l’atteinte à la dignité ».
Ces indemnités englobent « les frais de subsistance et d’hébergement durant l’attente; les frais de transport terrestre aller et/ou retour entre l’aéroport et un hôtel pour la nuit du 13 au 14 octobre 2009; les frais d’appel et de communications; perte de salaire pour les 14 et 15 octobre 2009; montants payés à des tiers pour gardiennage des enfants, du domicile ou d’animaux; et autres dommages découlant directement du retard. »
Pas de justice pour ceux qui résident en Algérie
Les avocats d’Air Algérie ont toutefois réussi à exclure du recours 110 passager résidents en Algérie sur les 270. Justice sera alors rendue uniquement aux 160 qui vivent au Canada.
La genèse de cette affaire remonte donc au 13 octobre 2013. « Après avoir procédé à l’enregistrement, pour un départ prévu à 14 h 45, les passagers du vol AH 2700 au nombre de 270, composés d’adultes et d’enfants de tous âges, étaient dans la zone d’embarquement en vue de monter à bord du vol AH 2700 d’Air Algérie à destination de Montréal », selon les documents de la cour supérieure du Québec.
Ce n’est qu’aux environs de 16 h 30, que des agents d’Air Algérie « ont informé les passagers que le départ avait été retardé » en raison d’un problème technique et les a appelés à monter à bord de l’avion en vue du vol.
Après deux heures dans l’avion, les passagers sont débarqués. Vers 20 h 00, Air Algérie distribue aux passagers des sandwichs, une tranche de gâteau et une bouteille d’eau.
Le vol est ensuite annulé et on informe les passagers vers 21h00. Ils sont emmenés à l’hôtel pour passer la nuit. Surprise. A l’hôtel, on les informe qu’il n’y avait pas assez de chambres pour accueillir tout le monde à cause d’un congrès.
Les passagers, selon la cour, « ont été laissés complètement à eux-mêmes. Aucun responsable d’Air Algérie n’était présent » pour les assister. Les familles ont été séparées afin de pouvoir attribuer les chambres aux personnes de même sexe.
« Nombreux autres passagers, certains avec leur famille, ont dû passer la nuit, sans dormir, assis dans des escaliers et sur des chaises de l’hôtel. D’autres sont repartis à l’aéroport à bord des navettes et se sont couchés par terre ou sur des sièges de la salle d’attente en attendant le vol promis pour le lendemain. », ajoute la cour.
Ce n’est qu’aux environs de 3 h 30 le matin du 14 octobre 2009, « fatigués voire même exténués » que les passagers ont été invités à embarquer dans des minibus qui « les ramenaient à l’aéroport d’Alger pour s’enregistrer à nouveau en vue du vol vers Montréal ». Et encore un autre retard. Ce n’est qu’à 7 h 30, le mercredi le 14 octobre 2009, que l’avion a quitté Alger.
Si ces voyageurs d’infortune ont trouvé le moyen et la possibilité de faire valoir leurs droits grâce à un passager déterminé, qu’en est-il des milliers d’autres ?
Source:El Watan – May 2015