mardi, décembre 3, 2024
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Karim Ziad, batteur «J’espère revenir jouer dans mon pays»

Karim Ziad est batteur, chanteur et compositeur algérien de world music, de jazz et de pop. Il a à son actif plusieurs albums dont «Ifrikya» et «Maghreb and Friends» ou encore, «Yobadi» que le public algérien connaît bien pour les avoir joués pendant des années sur la scène algérienne avant de s’éclipser pendant un moment. Depuis 2001, Karim Ziad est aussi directeur artistique, aux côtés d’Abdeslam Alikane du festival gnaoua et musiques du monde. Le gnawi n’a pas de secret pour lui dont la musique et ses rythmes vous entraînent immanquablement toujours vers la transe. Karim Ziad était récemment en Algérie où il était invité en tant que coach pour encadrer et diriger une partie des musiciens africains et américains de la résidence artistique One Beat Sahara. Cela faisait des années que Karim Ziad ne s’était pas produit en Algérie. Dans cet entretien réalisé chez Alpha Tango, la veille de son concert à l’opéra d’Alger, l’artiste qui avait mis le feu ce soir- là, en tant que guest star, nous parle ici de son actualité et projet, heureux et ému de retrouver enfin son public….

L’Expression: Vous avez pris part, récemment, à la résidence One Beat Sahara où vous avez dû vivre une expérience musicale et humaine à part entière. Parlez-nous un peu de votre travail au sein de cette résidence et de la formation que vous avez encadrée à Taghit.

Karim Ziad: Je suis venu à Alger dans le cadre de One Beat Sahara en tant que coach dans le projet One Beat. Ils ont pensé à moi. Je ne faisais pas partie de l’équipe depuis le début. On m’a appelé les derniers moments. Je suis venu pour faire profiter de mon expérience. Ma formation est un mélange de musiciens qui ont choisi de travailler avec Chakib Bouzidi et moi-même parce que le thème de notre groupe était celui des musiques traditionnelles où les rythmes traditionnels de n’importe quel pays, en l’occurrence de l’ Algérie vu qu’il y a deux Algériens, Karim Bouras au mandole, Soumya à la guitare, mais aussi un Américain à la batterie, un violoniste tunisien et une chanteuse Mauritanienne. Tous ces jeunes musiciens se sont retrouvés autour d’un thème en composant et arrangeant soit des musiques traditionnelles, soit leurs propres compositions pour les réinterpréter avec leurs instruments. À Taghit, il s’agissait de s’inspirer des musiques traditionnelles d’Algérie ou des Etats-Unis. Par exemple, le batteur américain a dû jouer un rythme chaâbi sur sa batterie. Karim en tant qu’Algérois a, quant à lui, ramené un morceau chaâbi avec une assignation rythmique très particulière et compliquée qui est l’insiraf. Le batteur a dû apprendre à jouer l’insiraf sur sa batterie. Je lui ai montré comment de la musique chaâbie, dans son état traditionnel, on pouvait la transposer et la ramener à la batterie, et ça devient moderne, universel. Il s’agissait donc de montrer comment faire de ces rythmes, musiques et mélodies traditionnelles, une musique universelle pour qu’elle soit jouée sur une batterie ou un piano etc. Chez Alpha tango ce n’était que des improvisations. Des groupes se sont constitués en à peine 24h. Ils ont eu très peu de temps pour travailler ensemble. C’était un grand jam pour que tout le monde puisse jouer avec tout le monde.

Que devient Karim Ziad aujourdhui?
Je poursuis ma vie de musicien, en jouant et en pratiquant le métier de batteur et ce, en jouant avec différents chanteurs et chanteuses. j’ai fait aussi de nombreuses comédies musicales dont «Dirty dancing» adapté du fameux film et cela avec des acteurs et des danseurs. Il y a eu plus de deux cent dates en France avec cette comédie. On a présenté cela au Palais des sports pendant un an. On a fait aussi «Body Gard», le film avec de Whitney Houston. J’aime bien faire le métier que j’ai toujours aimé faire, c’est-à-dire jouer de la batterie. dans mes projets personnels, il y a un disque qui vient de sortir qui est sur Spotify. La sortie physique sera au mois de décembre prochain. Le titre de cet album est «Assala» (Racines). C’est un trio composé d’Omri Mor au piano et Mehdi Nasouli au gumbri et moi-même à la batterie. Je vous invite à écouter sur sportify ce groupe. Je pars tout de suite après en rentrant à Paris en tournée. On va jouer en Tunisie, en suisse aussi. On revient pour quelques dates en France. L’Algérie ce sera quand ils permettront les concerts. Là, c’est carrément incroyable que cet événement ait pu se faire. Il s’inscrit dans un intérêt amical commun dans les relations américano-algériennes.

Quel regard portez-vous sur cette résidence algéro-américaine?
Cette résidence est née dans un but d’échanges culturels et ça a permis à des Américains des Etats-Unis qui habitent aux USA de venir dans un pays africain qui est l’Algérie, dans le désert algérien. Les artistes ont été subjugués. Ils ont été très bien accueillis. Les Américains étaient à des années lumière de penser que c’était ça l’Algérie. Ils ont découvert qu’au niveau des sonorités et des rythmes cela se rapprochait beaucoup. Ils ont découvert et compris que leur musique vient d’Afrique. De chez nous. Pour eux, c’est carrément un retour aux sources. Ils ont senti qu’il y avait quelque chose ici. Quand ils étaient à Taghit, ils ont senti qu’ils venaient tous de là, quelque part…

Et vous, est-ce que l’Algérie vous manque t-elle?
Bien sûr qu’elle me manque! J’espère que tout va rentrer dans l’ordre, que les festivités vont reprendre, que la culture reprenne son cours normal. J’espère qu’on pourra revenir le plus vite possible à la vie normale, faire des festivals et essayer de faire travailler le monde de la culture en Algérie qui est quand même dans une situation pas très plaisante. J’espère vraiment pouvoir revenir dans mon pays et jouer pour les Algériens.

 

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