Comment une amitié séculaire peut se transformer en bourbier ? Jamais, au grand jamais, les dirigeants algériens et Marocains n’ont pu accorder leurs violons pour que les peuples frères puissent vivre en bonne intelligence, dans un monde de paix et de bon voisinage.
Les frontières entre les deux pays sont fermées depuis 1994 pour les raisons que tout le monde connait et que l’on rappelle à titre de mémoire : Le Roi Hassan II, suite à des attentats perpétrés au Maroc, a pris la décision unilatérale d’exiger des visas pour tout algérien qui souhaite se rendre au Maroc. En réponse ferme et énergique, le Président Lamine Zeroual a tout simplement appliqué la réciprocité et a rajouté, pour marquer son désappointement à la décision du Roi, la fermeture des frontières.
Depuis cette date, on a assisté à un ballet de bonnes-mauvaises nouvelles qui se sont propagées à travers les frontières. « Ouvrira, ouvrira pas », telle est la lancinante question que tout le monde se pose depuis 1994.
Et pourtant, il est rare de trouver un algérien qui n’a pas une relation avec un marocain. Les mariages mixtes sont légion et il serait intéressant de procéder à un recensement de la population concernée. On serait édifiés sur les rapports étroits qui existent entre les algériens et les marocains qui ne sont en fait qu’une seule et même communauté.
On ne doit surtout pas oublier la solidarité du père de Hassan II, le regretté Mohamed V qui a permis à la résistance algérienne de s’installer au Maroc et d’y établir une base sérieuse de repli, d’approvisionnement de notre révolution.
Le problème a pris naissance en 1975, année où l’Espagne s’est résignée à abandonner enfin les territoires sahraouis, années où le Roi Hassan II n’a pas trouver mieux que d’initier une marche verte qui a vu déferler sur les territoires sahraouis de millions de sujets marocains.
Depuis cette date, les rapports n’ont jamais été au beau fixe entre les pays.
Et pourquoi, deux pays frères sont dans une situation ubuesque qui fait de notre frontière, un rempart indécent entre deux pays musulmans qui n’a comme équivalent dans le monde que la frontière entre les deux Corées ?
Le blocage ne peut avoir comme seule explication que le rêve de quelques pays de voir une véritable guerre sévir entre les deux pays. Sinon, comment expliquer qu’une résolution des Nations Unies n’a pas pu trouver une application sur le terrain ? Les pays, pourfendeurs d’armes n’ont qu’un seul rêve : qu’une guerre éclate entre les deux pays frères.
Ces pays, pour ne pas les nommer, la France, avec tous ses dirigeants qui possèdent pour la plupart des Riads au Maroc, Les Etats Unis, gendarme patenté du monde moderne, et la Grande Bretagne, fidèle suiveur du maître, ne voudront jamais d’une frontière ouverte et paisible entre les deux pays. Ajoutez à cela la tranquillité des pays européens qui trouvent, avec une frontière fermée, hermétique, un rempart contre l’immigration clandestine et vous comprendrez bien qu’il est hypothétique de prédire une ouverture des frontières pour très bientôt.
Et voilà qu’un simple match de football, important par les conséquences du résultat sportif (qualification pour la coupe d’Afrique), risque de raviver les rancœurs injustifiées entre deux pays frères.
Espérant que la guerre des mots qui vient de démarrer, trouve sa réponse sur le terrain sportif et que le meilleur gagne en toute fraternité.
Benyoucef Badreddine, Mai 2011