samedi, juillet 27, 2024
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Pourquoi le mouvement tunisien n’est pas transposable en Algérie ???

Il ya de cela à peine 10 jours, Ben Ali régnait en maître en Tunisie et la famille Trabesli actionnait pratiquement tous les leviers du pouvoir.
Leïla Ben Ali régentait ce peuple paisible, au point qu’à la veille de sa fuite avec son époux vers l’Arabie Saoudite, elle s’est permise le luxe de se présenter en personne à la Banque Centrale Tunisienne pour réclamer qu’on lui remette sur le champ 1500 lingots d’or d’une valeur de 45 MILLIONS D’EUROS.

Même que le directeur de la banque avait refusé dans un premier temps et la Régente-Leïla- avait fait intervenir son époux, qui aux dires de certains, avait refusé dans un premier temps et s’est plié en fin de compte aux désirs de son épouse. 

Quelques jours plus tard, tous les visages se sont tournés vers l’Algérie et on pensait que la vague d’émeutes allait faire des émules, d’autant que dans la semaine qui avait précédé la fuite de Ben Ali, il y avait eu des émeutes en Algérie et il aurait été normal que l’Algérie s’embrase à son tour car le vent de la liberté avait effectivement soufflé sur tout le monde arabe. 

Et pourquoi l’Algérie, ou plutôt le peuple algérien n’a pas trouvé le mouvement fédérateur pour accompagner le vent de liberté qui nous provenait de la Tunisie toute proche ???

Tout simplement parce que le gouvernement algérien avait bien pratiqué la leçon reçue par le colonisateur : “divisez pour mieux régner !…” En effet, souvenons qu’au lendemain de l’ouverture démocratique en Algérie en 1990, pas moins de 55 partis s’étaient déclarés. Pour un peuple de 30 millions à l’époque, il y avait une overdose d’opinions qui se sont noiyées elles-mêmes. 

Mais, le frein systémique, j’allais dire qui empêche les Algériens de se fédérer vient du fait que quelques partis qui peuvent avoir une réelle emprise sur le peuple sont extrêmement antagonistes et pour  dire les choses clairement, si demain on devait assister à un réglement de compte en Algérie, le gouvernement aura le beau rôle car les aspirations des uns et des autres sont diamétralement opposées. 

Pour faire court, le FIS est le RDC, pour ne citer que ces deux partis, ne pourront jamais, de notre vivant, se mettre autour d’une table pour fédérer un quelconque mouvement. Le premier, trop ancré en Kabile ne pourra pas jamais avoir l’aura pour rassembler suffisament de noms  pour contrer le gouvernement. Pour le FIS, tout a été dit avec son interdiction pure et simple du paysage politique algérien. 

Et pour preuve de ce j’avance, deux évenements viennent nous interpeller. Ali Bel Hadj a été très mal reçu par les émeutiers de Bab El Oued et en plus, une semaine plus tard, l’Etat algérien, buvant du petit lait à la suite de cette réaction, a inculpé Bel Hadj pour atteinte à la sûreté de l’Etat. 

Pour le RCD, notre ami Saïd Sadi a tenté de provoquer une marche pour le 22 janvier qui s’est soldée par un grand couac. Tout simplement, pour les mêmes causes que l’on vient d’évoquer. Le peuple algérien, dans son ensemble ne s’identifie pas au RCD car ce dernier a été taxé, à tort ou à raison, d’être un mouvement purement régionaliste qui défend la cause Kabyle, l’Amaziguité et cela ne contribue pas à attirer la masse de jeunes qui ne veulent être ni des musulmans extrémistes ni de farouches défenseurs de la cause kabyle. 

Enfin, n’oublions pas que le gouvernement algérien a les moyens financiers et humains pour contrer ce que se passe en Algérie. N’avons-nous pas appris cette semaine que l’Algérie vient de prendre option pour l’achat d’un MILLION DE TONNES DE BLE pour une valeur estimée à UN MILLIARDS DE DOLLARS !… à tel point que cela a désorganisé complétement le marché internationnal des cérèales parce que d’une part, ce n’est pas une période d’achat et d’autre  part, c’est un fait extrêmement rare qu’un seul pays lève comme cela, d’un coup de bagutette magique, une option d’achat ferme d’un million de tonnes de blé. 

Il manque donc en Algérie, pour imiter d’une manière efficiente nos frères tunisiens, un mouvement fédérateur qui présentera un programme loin de toute contingence régionaliste, islamiste ou autre. 

Malheureusement, ce mouvement n’existe pas et même s’il y a eu par le passé des tentatives, elles ont été très vite étouffées par un gouvernement devenu expert en la matière. Un seul exemple m’interpelle : Khalida TOUMI-MESSAOUDI…. En voilà une qui aurait pu avoir un avenir prometteur pour les libertés et la démocratie. Madame s’était même permise d’être l’objet d’une émission célibrissime “La Marche du Siècle”. Je suis resté personnellement rêveur en l’écoutant nous embobiner dans les années 1990. N’a-t-elle pas écrit un livre explosif avec son amie Elisabeth Schemla, à tel point que je me suis dis : VOILA NOTRE KAHINA du 21ème siècle. Et qu’avons-nous constaté quelques années plus tard avec nos yeux ébahis. Le gouvernement a simplement nommé la khalida ministre et depuis….. Plus rien, tout va bien Madame la Marquise. Elle s’était même permis le luxe d’interdire des livres qui allaient être exposés à la foire du livre d’Alger. On l’avait surprise en pleine déconfiture dans l’affaire Khalifa lorsqu’elle avait accepté des milliards de l’ancien golden boy pour faire venir une chanteuse égyptienne.

Voilà pourquoi le mouvement tunisien ne pourra jamais être transposé en Algérie et on restera hélas, sur nos faims, tant que les algériens ne suivornt pas un homme ou une femme, qui aura compris que le peuple algérien, peuple jadis valeureux , travailleur, a été mué par des manipulateurs de tous bords qui n’ont pas compris que le pouvoir en Algérie, a toujours été là où il est actuellement, c’est à dire dans les mains de militaires qui contrôlent jusqu’à la respiration de chaque algérien ou algérienne. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le salut viendra sûrement de cette armée, de nouveaux gradés qui mettront en veilleuse leurs intérêts égoïstes pour comprendre que l’Algérie a besoin de tous ses enfants et qu’il faudra installer une nouvelle société où nepotisme, corruption, ben Hamisme… seront bannis à jamais. 

Je crains pour ma part, que je n’assisterais pas à cette rennaisance rêvée par tous. 59 ans, âge canonique me rappelle que je suis plus près de l’arrivée que du départ.

Benyoucef Badreddine, Janvier 2011

 

 

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