Cette nuit j’ai fait un rêve. Tout d’abord je n’ai cessé de penser à Bouaziz, le jeune qui s’est immolé à Sidi Bouzid le 17 décembre 2010. C’est un peu grâce à lui que la Tunisie vient de rompre définitivement (je l’espère) avec un système qui a pérennisé le règne d’un homme durant 23 ans !…Je souhaite participer à une souscription pour ériger une stèle au jeune Bouaziz.
Je me suis mis à rêver au Bouaziz algérien. Bien sûr, j’ai 59 ans, je vis à l’étranger et je suis mal placé pour donner des leçons.
Je reste convaincu que le peuple algérien a bien perçu la leçon de nos frères tunisiens et quelque part en Algérie, des milliers de jeunes algériens rêvent de jouer le rôle du Bouaziz algérien.
Des voix s’élèvent ici ou là pour dire déjà que la leçon des tunisiens aura des impacts certains sur les pays voisins. Tout le monde pense déjà à l’Algérie. Les jeunes algériens et même les moins jeunes doivent retenir la leçon tunisienne et montrer au monde que la population algérienne ne doit pas se résigner à accepter un règne sans fin d’une dictature qui les bride depuis 50 ans.
Il ne faut pas oublier que lors des dernières émeutes en Algérie, des algériens sont également morts sous les balles de policiers et de militaires à la solde d’un système corrompu.
Si rien n’est entrepris dans un délai à court terme, je crains que le algériens ne soient assimilés à des panses qui se sont calmées dès lors que les prix de l’huile et du sucre ont été stabilisés. Je ne peux me résigner à croire à cette éventualité et j’espère que les algériens, dans leur ensemble, vont exiger, comme le propose quelques partis, une refonte totale du système algérien et chasser du pouvoir les clans mafieux qui se sont constitués ici où là.
Pour ma part, s’il y a une image que je retiendrais su soulèvement tunisien, c’est ce jeune, juché sur les épaules d’un autre manifestant, qui exhibe son tee-shirt avec dessiné dessus une cible où l’on peut lire «Tirez».
Je veux crier à mes concitoyens une parodie de cri déjà entendu dans d’autres circonstances : « Nous somme tous des tunisiens !… »
Benyoucef Badreddine, Janvier 2011